Rabi’a al ‘Adawiyya

Publié le 30 Juin, 2021

Article rédigé par Sophie Rabahi

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Rabi’a al ‘Adawiyya fait partie des femmes ascètes. Mais qui est-elle ? Quelle a été sa vie ?

 

Les origines de Rabi’a

 

Rabi’a al Adawiyya est née à la fin du premier siècle de l’Hégire. (1)  Elle fait partie des femmes les plus ascètes du 2ème siècle de l’Hégire. Elle consacra sa vie à l’adoration et l’amour d’Allah (swt), ne laissant aucune place au mariage. (2)

Au début du 2ème siècle de l’Hégire, la ville de Basra, en Iraq, était la capitale de la science. Les pauvres demeuraient dans des cavernes. Celle du père de Rabi’a était surnommée “la caverne de l’ascète.” (3)

 

Sa naissance

 

Lors de la naissance de Rabi’a, son père était attristé que ce ne soit pas un garçon. Mais il vit en rêve le Prophète (saws) qui lui dit “ne te chagrine pas car au jour de la résurrection, ta nouvelle fille intercédera pour 70 000 fidèles. Demain, à l’aurore, rends toi chez l’émir de Basra, Issa Radwan et dis lui de ma part “tu m’adresses chaque nuit 100 invocations de grâce et 400 chaque nuit de vendredi. Cependant et par oubli dans la nuit du vendredi dernier tu ne m’as rien adressé. Alors en expiation de ton étourderie tu me donneras 400 pièces d’or. Puis il dit à Rabi’a “tu les prendras, ce sera pour toi.” (4)

Il écrivit sur un parchemin ce que le Prophète (saws) lui avait dit. Puis il se rendit chez le gouverneur pour lui faire part du message. En lisant le parchemin, le gouverneur pleura et lui remit 400 pièces. Et il donna 10 0000 pièces aux pauvres. (5)

 

Sa jeunesse

 

Rabi’a reçut une éducation religieuse, elle mémorisa le Coran dès son plus jeune âge. Elle était doté d’une très grande intelligence et elle était très attachée à la prière. Elle se retrouva orpheline très tôt, ses sœurs travaillaient la laine pour subvenir aux besoins du foyer. (6)

Puis, une famine survint et des voleurs surgirent dans la ville de Basra, prenant les biens et kidnappant certaines personnes en échange de rançons. Rabi’a fit partie des kidnappés. Mais comme personne ne paya de rançon, elle fut vendue comme esclave. Elle passait ses journées à servir son maître puis elle consacrait ses nuits à la prière jusqu’au matin. Un jour, son maître entendit l’invocation qu’elle faisait à Allah (swt). Elle souhaitait que sa liberté lui soit rendue. Alors, son maître respecta sa volonté.

 

La liberté de Rabi’a

 

Désormais, elle était libre. Elle partit aux quatre coins du monde, vivant en ermite. Elle décida de vouer sa vie à Allah (swt). Elle s’installa dans le désert. (7)

Rabi’a s’était détachée de ce bas monde. Elle ne vivait que pour l’amour d’Allah (swt). Elle resta dans les mosquées et les cercles de dhikr. Quelques années plus tard, elle transmis son savoir à des étudiants tels que Malik ibn Dinar, Rabah al Qaysi, Sufyan at-Thawri, Shaqiq al Balkhi. (8)

 

Rabi’a renonça au mariage

 

Rabi’a refusa la demande en mariage de Muhammad ibn Sulayman al Hashimi, le gouverneur de Basra. (9)  Après de nombreuses propositions de mariage, elle dit “j’ai trouvé quatre choses qui me causent du souci. Si quelqu’un m’en débarrasse, je viendrai à prendre un mari. La première est de savoir si au moment de la mort je pourrais présenter ma foi dans toute sa pureté. La seconde est de savoir si je serais capable de répondre aux questions des anges de l’interrogatoire quand je serai sollicité dans la tombe. La troisième est de savoir si au jour de la résurrection on me mettra l’Ecrit de mes actes dans la main droite. La quatrième est de savoir si au jour du Jugement dernier je serai conduite au Paradis ou en Enfer. Et lorsque j’ai devant moi de tels tourments pensez vous que j’irais m’inquiéter d’un mari?” (10)

 

Une vie de simplicité

 

Malik ibn Dinar voyait que Rabi’a vivait dans la pauvreté. Il voulut lui donner des choses mais elle refusa en disant que c’est Allah (swt) qui subvient à ses besoins. (11)

Rabi’a était réputée pour être honnête et pour sa crainte d’Allah (swt). Elle ne mangeait que des aliments licites. D’ailleurs, c’est pour cela que deux savants lui demandèrent l’hospitalité. Elle leur offrit deux pains d’orge. Mais à cet instant un mendiant passa alors elle donna les deux pains au mendiant. (12) Puis, elle invoqua Allah (swt) de lui donner deux fois plus meilleur que ce qu’elle a donné. Plus tard, une servante frappa à sa porte pour lui donner un panier de vingt pains de la part de sa maîtresse. Elle l’offrit aux savants.  (13)

 

La protection de sa demeure

 

Un jour un voleur s’introduisit dans sa maison en pleine nuit. Il trouva des vêtements destinés aux orphelins. Il les prit mais soudain il entendit une voix “dépose ces vêtements ! Nous en sommes les gardiens. Nous ne te laisserons point les emporter même si elle est assoupie. Ne te donne pas tant de peine car il y a bien des années que Rabi’a a confié le soin de sa personne à Allah et nous ne permettrons même pas à Ibliss de mettre le pied dans son ermitage. Alors toi, voleur, sache que si l’un de nos amis est plongé dans le sommeil, il y a un ami qui veille sur sa personne.” (14)

 

Rabi’a: une poétesse

 

Elle nous a laissé aucun écrit. Sa vie et nombre de ses poèmes furent plus tard rapportés par le poète perse Farid ud-Din Attar. (15)

 

Tu es mon repos

Mon repos, O frères, est dans ma solitude,
Mon Aimé est toujours en ma présence,
Rien ne peut remplacer l’amour que j’ai pour Lui,
Mon amour est mon supplice parmi les créatures.
Partout où j’ai contemplé Sa beauté,
Il a été mon mihrab et ma qibla.
Si je meurs de cet amour ardent
et s’Il n’est pas satisfait,
Oh ! cette peine aura été mon malheur en ce monde !
Médecin du cœur, Toi qui es tout mon désir,
Donne moi une vision qui guérisse mon âme.
O ma joie ! O ma vie pour toujours !
En Toi mon origine, en Toi mon ivresse,
J’ai abandonné entièrement le créé dans l’espoir
Que Tu m’unisses à Toi. Car tel est mon ultime désir !  (16)

 

Le décès de Rabi’a

 

Tout au long de sa vie, Rabi’a pensait à la mort. Elle creusa sa tombe dans sa demeure. Et elle disait “tu seras ici demain”. Elle répéta cela pendant quarante ans. Rabi’a considérait la mort comme un pont qu’elle devait passer pour rejoindre son Créateur.  (17)

Le jour de sa mort elle était entourée de ses amis et elle leur dit “levez vous, sortez et laissez le passage aux messagers du Très Haut”. Ils sortirent puis ils entendirent une voix dire “o Ame sereine retourne vers ton Seigneur ! Tu seras béate et sereine ! Entre donc dans mes serviteurs : et puis entre dans Mon paradis.” Puis ses amis entrèrent mais elle avait rejoint son Créateur.  (18) Elle est décédée à Basra, en Iraq, en 185 de l’Hégire. (19)

 

Paroles de Rabi’a

 

Ja’far ibn Sulayman a dit “j’ai entendu Rabi’a dire à Sufyan “tu n’es qu’une somme de jours peu nombreux; lorsqu’un jour passe, une partie de toi passe aussi. Il se peut que lorsqu’une partie de toi disparaitra, c’est le tout qui disparaitra, et tu le sais. Alors œuvre donc !”  (20)

 

Références
1) Meyer, ‘Issa, Femmes d’Islam, éditions Ribat, U.E, 2020, 1ère édition, page 131
2) Benghal, Jamal-Eddine, Rabi’a al ‘Adawiyya: une sainte musulmane du VIIIème siècle, éditions Iqra, 2010, 1ère édition, page 19
3) Ibid, page 44
4) Ibid, pages 45-46
5) Ibid, page 47
6) Ibid, pages 47-48
7) Ibid, page 50
8) Ibid, page 54
9) Ibid, page 58
10) Ibid, page 60
11) Ibid, pages 65-66
12) Ibid, pages 74-75
13) Ibid, page 77
14) Ibid, page 95
15) Meyer, ‘Issa, Femmes d’Islam, éditions Ribat, U.E, 2020, 1ère édition, page 133
16) Benghal, Jamal-Eddine, Rabi’a al ‘Adawiyya: une sainte musulmane du VIIIème siècle, éditions Iqra, 2010, 1ère édition, page 106
17) Ibid, page 115
18) Ibid, page 116
19) Ibid, page 19
20) Ibn al Jawzi, Histoires des grands hommes de l’Islam, traduction intégrale du livre “sifat as-safwa (la description de l’élite)”, traduit par Messaoud Boudjenoun, éditions El Bab Editions, 2016, 1ère édition, page 897

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