Salman al Farisi (ra) fait partie des compagnons qui ont joué un grand rôle dans la communauté musulmane. Mais qui est ce compagnon ? Comment s’est-il converti ? Quelles qualités le rendaient exceptionnel ? Comment a t-il été actif dans la société ?
Salman (ra) était d’origine d’Ispahan, d’un village appelé Djayy, il était perse. D’autres disent qu’il était originaire de Ramahurmuz. Il était surnommé Aba ‘Abdullah. (1)
Sa conversion à l’Islam
Salman (ra) venait d’un village nommé Ji, dans la province d’Ispahan. Un jour, il passa devant une église et y entra. Il était très intrigué. Et il demanda aux chrétiens dans quel endroit se trouvait le berceau de leur religion. Ils lui indiquèrent le Sham. (2)
Le départ pour le Sham
Salman (ra) annonça à son père son projet de se rendre au Sham. Mais il s’opposa à cette idée et le retint prisonnier. Néanmoins, il réussit à prendre la fuite et rejoignit la caravane qui se rendait au Sham. Il fit la rencontre d’un évêque auprès de qui il développa sa relation avec Dieu. Mais cet homme était malhonnête, il volait l’argent de la collecte des pauvres. A la mort de celui-ci, un évêque complétement à l’opposé du premier lui suggéra de partir à Mossoul afin de rejoindre un moine à Nissibe. (3)
A la recherche du Prophète (saws)
Peu avant de mourir, le moine de Nissibe lui conseilla d’aller dans la ville d’Amuriyya à Byzance. Il l’informa qu’un prophète de la religion d’Ibrahim (aws) devait arriver prochainement dans un endroit où pousse de nombreux palmiers entre deux collines. (4) Mais lorsqu’il prit la caravane pour s’y rendre, il fut vendu à un juif de la tribu des Banu Quraydha. Il devait travailler dans une palmeraie. Lorsque le Prophète (saws) émigra à Médine, Salman (ra) le croisa. Il le reconnut, l’embrassa et lui raconta son histoire. Alors le Prophète (saws) l’affranchi. (5)
Les qualités de Salman
Un homme d’une grande intelligence
Le Prophète (saws) aimait l’intelligence de Salman (ra) et son immense connaissance. Ali ibn Abi Talib (ra) le surnommait “Luqman al Hakim » car il était un océan de savoir intarissable. (6)
Un compagnon très généreux
Salman (ra) donnait toutes ses richesses, il ne laissait rien pour lui. Il disait “j’emprunte un dirham pour acheter des feuilles de palmier que j’utilise pour confectionner un objet. Ensuite je revends la marchandise pour trois dirhams. Je rends le dirham emprunté, je subviens au besoin de ma famille avec un dirham puis je donne le troisième dirham en aumône.” (7)
D’après Anas, le Prophète (saws) a dit “les devanciers sont au nombre de quatre: moi je suis le devancier des arabes; Suhayb le devancier des Romains; Salman est le devancier des perses et Bilal est le devancier des Abyssins.” (8)
Salman al Farisi: un grand ascète
Al Hassan dit “le salaire de Salman al Farisi était de 5000 dirhams. Il était l’émir de quelques 30 000 musulmans. Il faisait son prêche aux gens, vêtu d’une cape dont il utilisait une partie pour y dormir dessus et une partie pour s’en couvrir. Lorsqu’il recevait son salaire, il le dépensait en aumône et se nourrissait du travail de tissage qu’il pratiquait.” (9)
Un homme très modeste
Thabit a dit “Alors que Salman était le gouverneur d’al Mada’in, il passa à côté d’un homme venu de Syrie qui avait du fourrage avec lui. Salman était vêtu d’un manteau rayé et d’un turban. En le voyant l’homme dit “viens et porte moi ça “ il ne connaissait pas Salman. Il prit le fourrage de l’homme et le porta sur ses épaules. Quand les gens le virent ils dirent “voici l’émir”. Et l’homme s’excusa en disant “je ne vous ai pas reconnu”. Il voulait reprendre sa marchandise mais Salman l’en empêcha en disant “non jusqu’à ce que j’arrive chez toi.” (10)
La stratégie ingénieuse de Salman al Farisi
En l’an 5 de l’Hégire eut lieu la bataille des coalisés (al Khandaq). Et Salman (ra) fut preuve d’une grande intelligence. Il avait remarqué que la ville était encerclé de montagne et de pierres tranchantes à l’exception d’un endroit. C’était une entrée facile pour l’armée ennemie. Mais Salman (ra) avait une grande connaissance dans le domaine des stratégies militaires. Il fit part de sa stratégie au Prophète (saws). Il proposa de creuser une tranchée à l’endroit où la ville n’était pas protégée par les montagnes et les pierres tranchantes. Ce qu’il suggéra était une méthode inconnue chez les arabes à cette époque. (11)
Lorsque leurs opposants virent la tranchée, ils eurent peur. Ils décidèrent d’établir leur campement près de la tranchée afin d’essayer de la traverser. Ils restèrent pendant un mois en vain. Jusqu’au jour où Allah (swt) leur envoya un terrible vent qui détruisit leur campement. Alors Abou Soufyan ordonna à son armée de partir. (12)
Salman (ra) eut aussi un rôle important puisque c’est lui qui interpella le Prophète (saws) concernant le rocher duquel vont se dévoiler les secrets liés à l’avenir des musulmans. Et Salman (ra) verra se réaliser de son vivant tout ce qui a été dévoilé. (13)
Les derniers jours de Salman al Farisi (ra)
Le jour de son décès, Salman (ra) demanda à sa femme d’aller chercher le paquet qui lui avait demander de cacher. C’était du musc qu’il avait pris lors de la libération de la ville de Jalwala’. Et il l’avait soigneusement conservé pour le jour de sa mort. Puis Il demanda à sa femme de le laver avec le musc. Il dit “car certaines créatures de Dieu qui ne consomment pas de nourriture et qui apprécient le parfum me rendent visite actuellement. » Ensuite Salman (ra) demanda à son épouse de sortir et lorsqu’elle revint il était décédé. (14) C’était sous le califat de ‘Othman. (15)
Quelques paroles de Salman al Farisi
D’après Hafs ibn Amru as-Sa’di, d’après son père, Salman (ra) a dit à Hudhayfa “la science est abondante et la vie est courte. Prends de la science ce qui t’est utile dans ta religion et laisse de côté tout autre chose.” (16)
Qatada rapporte que Salman (ra) a dit “lorsque tu commets un péché en cachette fais une bonne action en cachette. Et quand tu commets un péché publiquement fais une bonne action publiquement afin que tu équilibres ceci avec cela.” (17)
Nous voyons à travers son histoire, que Salman (ra) était à la recherche de la vérité dès sa jeunesse. Il a fait voyagé longtemps, il a effectué des sacrifices afin de trouver le Prophète (saws). C’était un homme détaché de ce bas monde, donnant tous ses biens à ceux qui en ont besoin. Et il avait conservé du musc pour le jour de sa mort. C’est la seule chose qu’il avait gardé, subhanAllah. Il s’était préparé pour le jour où il rencontrerait son Seigneur. Et toi, te prépares tu au jour où tu rencontreras Allah ? Quels sacrifices fais tu pour chercher la vérité, pour connaître ton Seigneur et le Prophète (saws) ? Vis tu comme un étranger de passage dans ce bas monde ?
Références
1) Ibn al Jawzi, Histoires des grands hommes de l’Islam, traduction intégrale du livre “Sifat as-Safwa (la description de l’élite)”, traduit par Messaoud Boudjenoun, éditions El Bab, 2016, 1ère édition, page 259
2) Khalid, Muhammad Khalid, Des hommes autour du Prophète (saws), traduit par Mohamed Lemine Hamady, édition Maison d’Ennour, Paris, France, 2014, 1ère édition, page 52
3) Ibid, page 53
4) Ibid, page 54
5) Ibid, pages 55-56
6) Ibid, page 58
7) Ibid, page 59
8) Ibn al Jawzi, Histoires des grands hommes de l’Islam, traduction intégrale du livre “Sifat as-Safwa (la description de l’élite)”, traduit par Messaoud Boudjenoun, éditions El Bab, 2016, 1ère édition, page 265
9) Ibid, page 267
10) Ibid, page 269
11) Khalid, Muhammad Khalid, Des hommes autour du Prophète (saws), traduit par Mohamed Lemine Hamady, édition Maison d’Ennour, Paris, France, 2014, 1ère édition, page 50
12) Ibid, page 51
13) Ibid, page 52
14) Ibid, page 62
15) Ibid, page 59
16) Ibn al Jawzi, Histoires des grands hommes de l’Islam, traduction intégrale du livre “Sifat as-Safwa (la description de l’élite)”, traduit par Messaoud Boudjenoun, éditions El Bab, 2016, 1ère édition, page 271
17) Ibid, page 272